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Actions ordinaires, profits extraordinaires

Bonjour,

Je vais partager avec vous un résumé du livre Common stocks and Uncommon profits de Philip A. Fisher. Il s’agit d’un classique de l’investissement valeur, recommandé par nul autre que Warren Buffett. Il a déjà dit qu’il investissait à 85% selon Benjamin Graham et 15% selon Philip Fisher. Je vous conseille de lire le livre afin d’analyser les exemples que l’auteur donne, et de vous référer à cet article pour faciliter la compréhension de lecture.

 

Les sources et les extraits proviennent de cette version du livre: Fisher, Philip A., Common stocks and Uncommon profits, édition Wiley, 1996, 271 pages.


La méthode du Scuttlebutt

Dans le 2e chapitre, M. Fisher introduit la méthode du Scuttlebutt, qui signifie seulement que pour en apprendre plus sur les compagnies, il faut parler à ceux qui connaissent la compagnie. Par exemple, ça peut être la compétition, les clients, les employés, etc. Cela permet d’obtenir de vraies opinions et de pouvoir obtenir de l’information par ceux qui sont directement impliqués dans le milieu.

15 points à regarder pour l’achat d’un titre

Afin d’effectuer un meilleur choix d’investissement, M. Fisher propose 15 points à regarder avant l’achat d’un titre. Voici un bref résumé de ces points, que je vous recommande d’aller lire plus en détail, afin d’analyser les exemples que l’auteur donne.

  1. L’entreprise propose des produits ou des services avec un grand marché potentiel pour une croissance des ventes dans les années à venir.
  2. La direction continue d’innover pour faire croître les ventes annuelles.
  3. L’entreprise investie suffisamment dans la recherche et le développement pour sa taille. Il faut aussi s’assurer qu’elle n’y investit pas trop d’argent pour sa taille.
  4. L’entreprise a une équipe commerciale supérieure à la moyenne.
  5. L’entreprise fait une marge de profits suffisante. Certaines compagnies ont une marge de profits plus petite pour accélérer leur croissance.
  6. L’entreprise tente de maintenir ou d’améliorer sa marge de profits. Si elle augmente à cause d’une augmentation du prix de ses produits ou de ses services, cela pourrait affecter ses ventes futures. Elle devrait plutôt se concentrer à diminuer les coûts d’opération.
  7. L’entreprise se soucie de bonnes relations avec son personnel.
  8. Les dirigeants ont des bonnes relations entre eux.
  9. Les dirigeants sont talentueux et motivés, ce qui permettra de saisir des opportunités.
  10. L’analyse des coûts et le contrôle de la comptabilité sont justes.
  11. L’entreprise se démarque de la compétition ou quelque chose la protège de la compétition. Par exemple, des brevets peuvent protéger la compagnie, mais elle ne doit pas uniquement se fier à cela. La source fondamentale de protection contre la compétition doit provenir de l’innovation de l’entreprise.
  12. L’entreprise a une vision à long terme pour ses profits.
  13. La croissance de l’entreprise n’aura pas besoin de plus de fonds de la part des actionnaires (ce qui ferait diluer les actionnaires).
  14. La direction est transparente avec ses actionnaires.
  15. La direction est fiable et intègre. Elle ne s’enrichit pas au détriment de la compagnie.

Quoi et quand acheter ?

Dans les chapitres 4 et 5, M. Fisher éclaire sur deux questions qui touchent beaucoup d’investisseurs, soit quels titres choisir et quand les acheter.

Il mentionne d’abord qu’un investisseur doit faire ses devoirs afin de bien choisir et suivre ses compagnies. Les personnes qui ont moins de temps à accorder pour leurs investissements peuvent se fier à des experts. Par contre, comme mentionne M. Fisher, il est important que ce soit de vrais experts et non des experts qui ont connu la chance.

Pour trouver les bonnes entreprises, il faut faire attention aux grosses compagnies réputées pour leur croissance et leurs rendements. Celles-ci peuvent être surévaluées sur le marché. En choisissant des compagnies plus petites, les rendements à long terme seront plus élevés, mais les risques seront aussi plus élevés. Il peut être difficile de trouver ces petites compagnies qui connaîtront le succès, mais quelques caractéristiques peuvent les définir, dont l’absence ou le faible montant des dividendes, car elles préféreront réinvestir dans elles-mêmes afin de grossir rapidement.

Pour acheter les titres que vous voulez, M. Fisher recommande de surveiller les problèmes temporaires qui pourraient survenir dans les entreprises (chapitre 5). Par exemple, une usine pourrait être affectée par des retards de production qui feront baisser les profits à court terme. Lorsque les dépenses en lien avec ces retards seront payées, il sera un bon moment pour acquérir des positions dans cette compagnie. Lorsque les retards diminueront, les profits recommenceront à augmenter et il en sera très profitable pour l’investisseur. Il recommande aussi de regarder les performances des industries, qui peuvent démontrer des périodes de dépenses, suivies par une augmentation des performances. Par contre, il dénonce le fait de regarder le marché en général pour choisir le moment d’investir pour deux raisons. La première étant qu’il est plus favorable de passer du temps à analyser des compagnies extraordinaires plutôt que d’essayer de comprendre le niveau général du marché. La seconde est que même s’il y a une baisse du marché suite aux acquisitions de l’investisseur, les compagnies qu’il aura acheté subiront normalement une baisse du prix plus faible que les autres compagnies sur le marché (sachant qu’il a choisi de bonnes compagnies) .

Quand vendre ?

Dans le chapitre 6, M. Fisher émet trois raisons valables pour vendre des positions dans une entreprise.

  1. Lorsque vous avez fait une erreur. Il n’est pas grave de faire des erreurs, pourvu que vous appreniez pourquoi vous les avez commises. L’important est de vendre dès que vous vous en rendez compte, pour éviter des pertes bien pires.
  2. Lorsque vos positions ne sont plus ce qu’elles étaient. Cela peut être causé par une détérioration de la direction ou parce que le futur de la compagnie n’est plus autant intéressant qu’avant.
  3. Lorsque vous trouvez un meilleur investissement. Avec la grande compétition sur les marchés, il est possible qu’une compagnie surgisse et devienne plus intéressante que celle que vous avez en portefeuille.

Quand ne pas vendre ?

Encore dans le chapitre 6, M. Fisher décortique trois fausses idées que peuvent avoir les investisseurs pour vendre leurs titres.

  1. Le marché va bientôt baisser. On ne peut pas prévoir la date exacte d’une baisse du marché.
  2. Le titre est surévalué. Il mentionne qu’une entreprise extraordinaire grossit rapidement et qu’elle devrait être évaluée à un plus gros p/e ratio.
  3. Le titre a eu une grosse augmentation dans son prix. L’entreprise doit toujours être évaluée à sa valeur intrinsèque, et non par rapport au prix d’achat.

Les dividendes

Dans le chapitre 7, M. Fisher essaye de faire diminuer la grande popularité des dividendes chez les investisseurs. En gardant le capital, l’entreprise peut réinvestir dans elle-même afin de grossir et de garder une bonne croissance. Par contre, les dividendes risquent de faire baisser les revenus de l’entreprise. Même si un investisseur décide de réinvestir les dividendes dans cette même compagnie, celles-ci auront étés soumises aux impôts.

Plusieurs compagnies offrent des dividendes sur une base régulière. La seule raison pour baisser le montant des dividendes serait lors d’une crise, et pour l’augmenter est lorsqu’il n’y a pas de sacrifice pour une autre option de croissance profitable.

10 choses à ne pas faire

Les chapitres 8 et 9 sont consacrés aux erreurs que les investisseurs peuvent faire.

Voici 10 choses à ne pas faire:

  1. Acheter des compagnies promotionnelles. Celles-ci sont des nouvelles compagnies qui promettent un grand avenir. Par contre, il faut toujours attendre quelques années avant d’investir dans une nouvelle compagnie afin de s’assurer de la compétence de la direction et de la qualité de l’entreprise.
  2. Ignorer une compagnie parce qu’elle n’est pas échangée en bourse.
  3. Acheter un titre car vous aimez «l’allure» du rapport annuel. Si vous avez lu quelques rapports annuels, vous comprendrez vite ce point. Les entreprises parlent souvent d’une manière positive et mettent en valeur le rapport afin d’attirer l’attention, mais ce n’est pas ça qui prouve la compétence et les stratégies de la direction.
  4. Trouver le ratio cours/bénéfices trop élevé pour le moment. Beaucoup d’investisseurs font l’erreur de seulement regarder le p/e ratio et d’en tirer une conclusion. Si la compagnie a un avenir prometteur, alors il faut établir un revenu approximatif pour une date future, puis comparer le p/e ratio de cette date avec le ratio d’aujourd’hui. Le titre peut donc être surévalué pour aujourd’hui, mais sous-évalué si on le compare avec les revenus futurs.
  5. Attendre que le prix descende de quelques dollars. Si avez trouvé un titre idéal à acquérir et qu’il est sous-évalué, alors n’attendez pas une baisse de prix qui pourrait ne jamais arriver! Je peux moi-même vous raconter plusieurs erreurs que j’ai faites en pensant ainsi. Par exemple, j’avais acquis Apple au prix de 157$, alors que j’attendais pour l’obtenir à 150$. Comme vous pouvez voir, le titre n’avait pas redescendu. L’attente de sauver quelques dollars ne vaut pas la peine et vous pourriez même payer plus cher, car vous aurez trop attendu.
  6. Trop diversifier son portefeuille. En possédant trop de titres, vous risquez d’investir dans des compagnies que vous ne connaissez pas bien. Il est impossible de garder un oeil sur les nombreux titres que vous possédez, ce qui peut être très mauvais pour vos rendements.
  7. Avoir peur d’acheter pendant une crise. Pourtant, il s’agit du meilleur moment pour acheter, puisque les prix descendent. Si la crise s’aggrave, alors la bonne chose est d’acheter lentement, afin d’acquérir des titres de moins en moins chers. Ainsi, si le marché remonte, alors vous aurez des positions à un prix faible et si le marché continue de descendre, alors il vous restera encore de l’argent pour en acquérir davantage.
  8. Regarder des informations financières inutiles. La plus grande erreur est de perdre son temps à regarder les graphiques du prix de l’action pour les années passées des entreprises. Ces données n’ont presque pas d’influence sur le prix actuel et la compagnie pourrait avoir changé avec le temps. Par exemple, si vous voyez un graphique qui ne fait que descendre, il pourrait y avoir eu un changement dans la gouvernance récemment, qui réorientera l’entreprise. Cela n’apparaît pas dans les graphiques et vous pourriez découvrir une aubaine face à une nouvelle direction exceptionnelle. Ces graphiques devraient seulement être utilisés comme un guide pour démontrer, par exemple, s’il s’agit d’une entreprise cyclique.
  9. Ne pas considérer le temps et le prix lors de l’achat d’un titre. Lorsque vous avez trouvé l’entreprise idéale, mais que la valeur intrinsèque est bien plus basse que le prix au marché, alors M. Fisher recommande de se demander si le prix va vraiment redescendre à sa vraie valeur. Cela peut être un indicateur du bon moment pour acheter les actions.
  10. Suivre la foule. Ce dernier point peut être très difficile à respecter, car il est dans la nature humaine de suivre la communauté. Par contre, cette communauté peut décider n’importe quand de prendre une position positive ou négative sur un certain titre, même si la compagnie n’a pas changé. Il faut donc bien connaître les entreprises afin de s’assurer qu’elles performeront bien dans le futur, et d’acheter pendant les baisses de prix que provoquent les courants de pensées du marché.

En bref

Ce résumé constituait la première partie du livre. Les deux autres parties expliquent comment développer une philosophie d’investissement et l’anatomie d’un investissement conservateur. On peut voir une bonne différence entre Benjamin Graham et Philip Fisher suite à la lecture de Common stocks and Uncommon profits et de The Intelligent Investor. Fisher souligne de garder les titres le plus longtemps possible. Ainsi, il est peu important d’obtenir les actions au prix le plus bas possible et il concentre ses efforts sur l’analyse des compagnies. Tant qu’elles vont bien et qu’elles restent exceptionnelles, alors il les gardes. Dans le cas de Graham, il est aussi très important d’analyser les compagnies et de bien les connaîtres. Par contre, il soutient que les investisseurs doivent constamment évaluer la valeur intrinsèque de l’entreprise et vendre si le titre est surévalué. Ceci permettera d’avoir plus de liquidité pour ensuite acheter d’autres titres sous-évalués.

Je recommande ce livre à toute personne qui connaît les bases de l’investissement valeur et qui veut améliorer sa compréhension. Bien sûr, il s’agit uniquement d’un résumé du livre, que je vous recommande de lire pour voir plus d’exemples et de concepts.

Pour terminer, j’aimerais vous remercier d’avoir pris le temps de lire mon article. Si vous avez des questions, n’hésitez pas à me les faire parvenir. Merci de partager cet article et je vous dis à bientôt!

Jonathan Brunette